L’unité de coordination hospitalière des prélèvements d’organes et de tissus a été créée en juillet 1998, en conformité avec les règles de bonnes pratiques édictées par les lois de bioéthiques (1994) : des infirmières et un médecin coordonnateur composent cette équipe. Ses missions sont :

  • l’organisation et la gestion des prélèvements d’organes et de tissus,
  • l’abord des familles et la recherche de la non-opposition du défunt,
  • l’accompagnement des familles au cours du processus,
  • le recensement des morts encéphaliques
  • le suivi du ressenti des personnels impliqués dans les divers services de réanimation,
  • l’information et la formation pour les personnels du centre hospitalier,
  • l’information du grand public à la journée nationale.



Quel est votre rôle à l'Agence de la biomédecine ?

Mme Autret -  Alors à l'agence de la biomédecine, moi je gère, je régule, je suis infirmière de régulation, donc je gère les dossiers de donneur en mort encéphalique, je regarde avec le médecin, qui est mon binôme à la régulation, l'état et les examens du donneur décédé, ses antécédents, de quoi il est mort, et si le donneur est éligible ou s'il faut des informations complémentaires, on les demande à la coordination.

Dr Lamraoui - Où je suis justement, et où je constitue le dossier de prélèvement qui comporte l'ensemble des documents relatifs à la prise en charge du donneur, au prélèvement et à la circulation des informations. Je contacte les proches du défunt et  les accueille, aussi je les accompagne dans les démarches administratives et me tient à leur disposition après le prélèvement. Je recherche éventuellement une opposition du donneur au don, et je m'assure que les examens obligatoires ont été réalisés et transmis à l'Agence.


Comment se passe l'attente de la greffe ?

Dr Lamraoui - Les personnes sont pris en charge par des néphrologues et lorsque la maladie arrive au stade d'insuffisance rénale terminale, elles peuvent être inscrites sur la liste nationale d'attente, en vue d'un greffon. Il y a un certain nombre de critères à remplir, et notamment au niveau de l'état de santé, il y a des maladies infectieuses qui font que le patient ne peut pas être dans une démarche d'attente. A partir du moment où les patients sont inscrits sur la liste nationale d'attente, ils doivent donner leurs coordonnées et être joignable 24h/24. L'agence est elle-même en service sur ces horaires-là.


Y'a-t-il des critères importants à prendre en compte pour pouvoir être inscrit sur liste d'attente ?

Dr Lamraoui - Pour les critères, il faut pas qu'il y ait des maladies gravissimes, si le patient a une maladie cardiaque très avancée et que son espérance de vie est très courte, c'est pas quelqu'un qui va être en mesure de subir une intervention, ou si quelqu'un a un cancer, c'est pas quelqu'un à qui on va proposer une greffe de rein, c'est ce genre de choses particulièrement. Et pour que les gens soient inscrits sur la liste nationale d'attente, pour qu'ils soient pris en charge, on leur fait toutes une batterie d'examens de manière complète, pour justement définir tous les critères qui leur correspondent  et notamment leur système HLA, les antigènes qu'ils possèdent, les maladies auxquelles ils ont été confrontés, et aussi les maladies qui vont intervenir pour la greffe, car leur greffon va être justement adapté à leur statut immunologique et sérologique. Et dans leur dossier, tous ces éléments y figurent donc on a leur HLA, tous les antigènes, leur sérologie à savoir de manière obligatoire le VIH, l'hépatite B, normalement ils sont tous vaccinés, l'hépatite C, la toxoplasmose, le CMV, la syphilis, et encore d'autres. Donc pour les receveurs on a d'emblée ce statut,vis-à-vis de cette problématique-là, comme ça quand il va y avoir un donneur potentiel, l'organe pourra être attribué en fonction de ces critères, et en fonction du groupe sanguin évidemment.


Extrait du dossier d'un donneur


Comment sait-on quel organe va aller à quel patient ? 

Dr Lamraoui -  Il y a un service qui est dédié à ça, avec un logiciel informatique, avec les informations de chaque receveur potentiel, et en fonction de la gravité de la maladie, le logiciel va attribuer un donneur au receveur.

Mme Autret - Alors il y a des supers urgences prioritaires, mais ça c'est le logiciel qui calcule tout ça, et il fait sortir en tête de liste, les équipes et le receveur qu'il faut contacter en premier. Alors quelques fois on peut avoir un décalage, par exemple il y a un donneur de 40 ans et il y a une urgence qui sort pour une nécessité de don du cœur pour un enfant, alors là ce sera effectivement pas possible, parce qu'il y a un problème morphologique, on peut pas mettre un cœur de 40 ans à un bébé de 2 ans, mais c'est le logiciel qui mouline, c'est pas les équipes ni les personnes qui choisissent.


L’attente d’un organe est-elle longue ? 

Dr Lamraoui - Elle peut aller de quelques semaines à toute une vie.


Est-ce que des fois des personnes ne reçoivent pas ou jamais l’organe dont elles ont besoin ?

Mme Autret - Tout à fait ! Gregory Lemarchal, atteint de mucoviscidose, est décédé faute de ne pas avoir reçu de greffon pulmonaire. Et quelques fois, donc il y a le donneur d'un côté, et le receveur de l'autre, l'équipe qui a accepté l'organe pour tel receveur, c'est elle qui se déplace vers le donneur pour prélever l'organe. A savoir qu'il s'agit pas d'enlever le cœur chez le malade, avant d'avoir regarder l'état du cœur chez le donneur. Parce qu'il peut paraître bien, mais il faut ouvrir, regarder comment le cœur se comporte, avant d'inciser le receveur. Donc c'est au final deux équipes qui travaillent en même temps de côtés différents. Et du côté de l'équipe du receveur potentiel, potentiel parce que tout peut s'arrêter à un moment, c'est dur pour les receveurs, parce qu'ils sont au bloc, ils sont habillés, ils sont perfusés, ils sont prêts, mais les équipes attendent le feu vert du chirurgien qui est entrain de prélever, et dès qu'elles l'ont, c'est une course contre-la-montre, mais donc il arrive que l'organe ne puisse finalement pas être transplanté, ce qui laisse imaginer des déceptions. Parce que ça c'est réel, on fait venir des receveurs, on les appelle, mais finalement pour rien, car on est jamais sûrs de comment se comporte l'organe et un tas d'autres choses, le regard du chirurgien est en effet important. 


Savez-vous comment le corps du donneur est-il rendu à la famille ?

Mme Autret -  Dans les textes, il est exigé, ça s'appelle la restauration tégumentaire, les chirurgiens sont tenus rendre le corps en état, c'est-à-dire une cicatrice propre, nickel. Si les choses ne sont pas faites correctement, l'agence a sa part de responsabilité, c'est-à-dire qu'on se doit de rendre le corps intact. On se donne les moyens que ce soit parfait. 

Dr Lamraoui - Et la famille retrouve son défunt dans la chambre mortuaire.