Religion et culture : une limite ?

Les religions ne sont pas à même de donner une explication scientifique de quelque chose qu’elles considèrent comme sacré. C’est pour cette raison qu’elles préfèrent rester discrètes au sujet de la définition de la mort. Cela ne les empêche pas, pour la majorité, de se prononcer en faveur des dons d’organes. Parce que les lignes de conduite qui sont à la base même de l’éthique se rapportant aux dons d’organes (le respect de la volonté du donneur potentiel, la garantie du caractère irréversible de la mort, le respect du corps du donneur) satisfont leurs exigences morales et parce qu’elles considèrent que le don d’organes est un acte de solidarité et de combat pour la vie.


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Don d'organes et Chrétienté

L’église catholique romaine est favorable au don d’organes et le clergé encourage ses fidèles à mener une réflexion personnelle dans ce sens.

L’église protestante est fidèle à l’enseignement du Christ pour le don de soi dans le respect de la dignité du donneur.

La religion catholique admet la compétence de l’homme de science et adhère au concept de mort cérébrale puisque aucun raisonnement sacré ne permet de dire de façon précise à quel moment une personne est vraiment décédée. La vie étant définie comme un état où la pensée règne, si le cerveau est détruit définitivement, la vie n’est plus, dans la mesure où il n’y a plus de pensée possible.

La position protestante s’inscrit dans le respect du donneur car tout être humain est et reste à l’image de son Créateur. C’est pourquoi il faut impérativement écarter tout transfert d’une partie de son corps d’une quelconque notion échappant à la gratuité absolue.

Le corps est un don de Dieu et n’est la propriété de personne. Il est inviolable mais, face à la détresse d’autrui, sous la responsabilité scientifique et médicale, il peut y être porté atteinte dans le respect de la volonté du donneur. 

Concernant la mort cérébrale, l’église protestante se fie aux critères de la communauté scientifique et médicale.



Le Pape Jean Paul II, au cours d'un discours au 18e congrès international sur la transplantation d'organes le 29 août 2000, énonce "Je suis heureux de vous saluer tous à l'occasion de ce Congrès international, qui vous a réunis pour une réflexion sur le thème complexe et délicat des transplantations. [...] J'exprime à tous ma gratitude pour votre invitation cordiale à participer à cette rencontre, et j'apprécie vivement la considération que vous manifestez à l'égard de l'enseignement moral de l'Eglise. Dans le respect de la science et à l'écoute, en particulier, de la loi de Dieu, l'Eglise n'a d'autre objectif que le bien intégral de la personne humaine.
Les transplantations représentent une conquête importante de la science au service de l'homme et de nombreuses personnes doivent aujourd'hui leur vie à une greffe d'organe. La technique de la transplantation s'est révélée de plus en plus être un moyen adapté d'atteindre le but premier de toute médecine :  le service à la vie humaine. C'est pourquoi, dans la Lettre Encyclique Evangelium vitae, j'ai suggéré qu'une façon de promouvoir une véritable culture de la vie "est le don d'organes, accompli sous une forme éthiquement acceptable, qui permet à des malades parfois privés d'espoir de nouvelles perspectives de santé et même de vie"
."


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Don d'organes et Judaïsme

Le Judaïsme confère à la vie un caractère sacré. Pour cette raison, donner un organe pour sauver une vie est l’un des actes les plus vertueux que l’on puisse accomplir. Mais parfois, justement parce que la vie est sacrée, le don d’organe est problématique.

Il est défendu de profiter d’un cadavre d’une quelconque manière que ce soit si ce n’est pour sauver une vie directement. Or, lorsque vous acceptez le prélèvement d'organes, il n’est absolument pas certain que tous ces organes seront utilisés pour une transplantation immédiate. Ils peuvent être utilisés pour la recherche, ou stockés, ou même jetés s’ils s’avèrent inutiles. La Loi juive n’autorise le don d’organes que s’il est absolument sûr que ceux-ci seront effectivement employés pour sauver des vies.

La religion juive est en effet très stricte quant à la définition de la mort. Selon elle, elle est reconnaissable à l’absence du mouvement, des battements de cœur et de la respiration. Au cours de ces dernières années, cependant, le critère de mort encéphalique s’est imposé dans certains cas, permettant des transplantations cardiaques.

En revanche, afin d'être utilisables pour une transplantation, la plupart des organes doivent être prélevés alors que le cœur bat encore. Or la loi juive stipule que, tant que le cœur bat, la personne est toujours vivante. Le moment de la mort est défini comme celui où le cœur arrête tout battement. Ainsi, prélever des organes d’un patient atteint de mort cérébrale dont le cœur est encore battant revient à commettre un meurtre.

Bien que le monde médico-légal ait accepté la mort cérébrale comme nouvelle définition de la mort, ce n’est pas le cas de la vaste majorité d’experts de la loi juive. Altérer la définition de la mort, c’est s’engager sur un chemin qui peut mener à des problèmes éthiques majeurs


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Don d'organes et Islam

La diversité des courants d’opinion est liée aux interprétations faites du Coran et de la parole du Prophète. La mort encéphaique est peu admissible en tant que mort réelle car pour une partie de l’Islam, le coeur est le centre de la vie, de l’intelligence et de l’unité entre le corps et l’esprit. Tant qu’il bat, la vie est là. L’intégrité du corps est également une notion importante pour une partie des fidèles car c’est une création divine qu’il ne faut pas mutiler. Le corps doit rendre compte de l’histoire de la vie et du soin qu’on en a pris.

Par ailleurs, le chapitre 52 du Coran "Qui sauve une vie sauve l’humanité entière" est considéré par des fidèles comme la clé de leur réflexion personnelle et les incite à se prononcer favorablement au don de leurs organes.

C’est pourquoi certains Imams font du prélèvement d’organes une question à aborder au cas par cas.

Récemment, le cheikh Gamal Kotb, ancien président du comité Al-Fatwa d’El-Azhar, a déclaré au journal Al-Hayat : "Aucun verset du Coran n’interdit aux musulmans de recevoir ou de donner un organe prélevé sur un non-musulman"

Quoi qu’il en soit, le prélèvement sera possible si le donneur a consenti de son vivant et si ce n’est pas le cas, ce sera à la famille ou à une autorité religieuse de se prononcer.


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Don d'organes et Bouddhisme

Courant très important dans nombre de pays du continent asiatique, le Bouddhisme préserve l’âme afin qu’elle puisse atteindre un jour la félicité, débarrassée de toute enveloppe charnelle. Plusieurs maîtres de la pensée ont initié des règles liées aux évolutions de leurs réflexions. On trouve donc dans le Bouddhisme des particularismes souvent dans des zones géographiques correspondant à des ethnies. Ainsi, les Shintoïstes du Japon se singularisent par un refus absolu de tout prélèvement après le décès. Ceci fait du Japon l’un des pays où se pratiquent le plus les dons du vivant.

En ce qui concerne les préceptes venant de Lhassa, les maîtres modernes ont observé et admis l’importance du don d’organes. Ainsi, dans la mesure où l’on a pu observer le passage de l’âme lors de son échappée, le corps est disponible. Mais, pour que cette séparation de l’âme et du corps se fasse, il peut être nécessaire d’attendre un certain temps, parfois jusqu’à trois jours. Dans ces conditions, tout prélèvement des organes est impossible, voire dangereux pour les futurs receveurs et le corps médical ne s’y aventurera pas.


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Don d'organes et Hindouisme

L’un des concepts fondamentaux de l’Hindouisme est la réincarnation. Les Hindous considèrent que le corps n’est qu’une enveloppe provisoire de l’âme. La vie du corps n’est que l’une des nombreuses incarnations de l’âme pendant son voyage à travers l’éternité, chaîne qui commence et s’achève dans l’union avec le cosmos. Les transplantations sont donc non seulement acceptables mais absolument compatibles avec ses enseignements.

Aucune loi hindoue n’interdit le don d’organes, en conséquence, l’acte de donner ou pas un organe est une décision individuelle. L’acte de donner un organe et son objectif positif sont des arguments en faveur du don d’organes ; le fait que le corps n’appartient pas à l’être humain, le développement du karma et les problèmes en matière de pureté / impureté sont des arguments contre le don d’organes.


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Ainsi, les prélèvements d’organes et de tissus en vue de greffes ne rencontrent pas d’objection de principe. Les religions monothéistes invitent leurs fidèles à réfléchir au don d’organes et de tissus et y sont favorables dès lors qu’il s’agit de sauver des vies.  Les représentants des grandes religions monothéistes - christianisme, judaïsme et islam - se sont prononcés en faveur du don d’organes et de tissus après la mort. Selon eux, la vie humaine est primordiale. Le don d'organes après la mort permettant de sauver des vies, il surmonte ainsi un certain nombre d'interdits tels que l'obligation de l'inhumation du corps entier dans certaine religion. Les religions polythéistes, elles, ne rencontrent pas d'opposition propre au don, si ce n'est quelques arguments sur l'être pour y justifier un refus.


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