PRINCIPES FONDAMENTAUX APPLICABLES AU DON ET A L'UTILISATION DES ORGANES

L'éthique renvoie à la science de la morale ou encore à la discipline qui réfléchit sur les finalités, les valeurs de l'existence, la notion de "bien", les questions de mœurs. Elle est la réflexion des comportements à adopter pour rendre le monde humainement habitable. En cela, l'éthique est une recherche d'idéal de la société et de conduite de l'existence. La bioéthique est, quant à elle, une branche de l'éthique qui étudie les questions et les problèmes moraux qui peuvent apparaître à l'occasion de pratiques médicales nouvelles, comme la greffe, impliquant la manipulation d'êtres vivants.


Image provenant de dondorganes.ca


Le don d'organes est régi par la loi de bioéthique, et notamment par 5 textes principaux :

- la Circulaire Jeanneney de 1968 qui définit les critères de mort cérébrale.

- la Loi Caillavet de 1976 qui énonce le principe du consentement présumé pour les donneurs décédés : on

est tous donneur sauf si on a fait par de son refus de son vivant. 

- la Loi de bioéthique de 1994 qui traite le don du vivant apparenté et le cas des donneurs décédés non inscrits au registre des refus.

- 1ère révision de la loi de bioéthique en 2004 qui élargit le cercle du don du vivant pour combler la pénurie d'organes. 

- 2e révision de la loi de bioéthique en 2011 qui étudie encore une fois l'élargissement du cercle du don du vivant et établie le principe du don croisé. 


Des raisons juridiques poussent l’Etat à réviser les précédentes lois de bioéthique : la loi du 6 août 2004 impose une révision tous les cinq ans. La science évolue constamment, ces révisions sont donc nécessaires pour toujours veiller à respecter les valeurs et les principes de la société actuelle. 




Donneurs décédés

Selon l'article R. 1232-1 du Code de la santé publique,  si la personne présente un arrêt cardiaque et respiratoire persistant, le constat de mort ne peut être établi que si les trois critères cliniques suivants sont simultanément présents :

  • Absence totale de conscience et d'activité motrice spontanée

  • Abolition de tous les réflexes du tronc cérébral

  • Absence totale de ventilation spontanée


Selon l'article R.1232-2 du Code la santé publique, […] les examens cliniques sont recourus pour attester du caractère irréversible de la destruction encéphalique (destruction du cerveau) :

  • soit deux électroencéphalogrammes (méthode qui mesure l'activité cérébrale) nuls et non-réactifs effectués à un intervalle minimal de quatre heures. Ils doivent être réalisés avec amplification maximale sur une durée d’enregistrement de trente minutes et dont le résultat est immédiatement consigné par le médecin qui en fait l’interprétation.

  •  soit une angiographie (examen radiologique qui permet de visualiser l'arbre vasculaire du cerveau)   objectivant l'arrêt de la circulation encéphalique et dont le résultat est immédiatement consigné par le radiologue qui en fait l’interprétation.


Ainsi, pour que la transplantation soit légale le donneur doit être en état de mort encéphalique, caractérisée par un cerveau totalement et définitivement détruit soit après traumatisme crânien ou après AVC (accident vasculaire cérébrale), et confirmée par plusieurs examens que nous avons cités ci-dessus. La mort encéphalique représente 1% des 500 000 décès dénombrés chaque année en France, d'où une pénurie d'organes réelle et d'actualité.


Après le prélèvement des organes du donneur (déclaré en état de mort encéphalique)  par l'hôpital, le corps du défunt est rendu à la famille. Son aspect extérieur est préservé et ne doit en aucun cas être vulgairement endommagé; c'est la restauration tégumentaire, celle-ci doit être conforme aux volontés du patient de sa famille et est placée sous la responsabilité du chirurgien. Ce dernier assure :

  • la suture musculaire (indispensable) ;
  • la fermeture cutanée complète, hermétique et esthétique.

En cas d'atteinte de l'intégrité de la personne morte, la famille est autorisée à porter plainte pour violation des lois de bioéthiques . 




Donneurs vivants

Les articles L.1231-1 et L.1231-3 du Code de la santé publique issus de la loi de bioéthique n°2011-814 du 7 juillet 2011 fixe les conditions du don d'organes du vivant suivantes : 

Seuls peuvent pratiquer le don :

  • Le père ou la mère du receveur

  • Le conjoint ou la conjointe

  • Le frère ou la sœur

  • Le fils ou la fille

  • Un grand-parent

  • Un oncle ou une tante

  • Toute personne pouvant justifier d'au moins deux ans de vie commune avec le receveur

  • Depuis 2011, toute personne pouvant apporter la preuve d'un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans avec le receveur


Le candidat au don du vivant pour le rein doit être majeur. Cette pratique doit être gratuite et librement consentie. Quel que soit le lien entre donneur et receveur, toute forme de pression psychologique ou financière est inacceptable et interdite par la loi. 


Depuis 2011, la loi française autorise le don croisé. Quand les groupes sanguins ou HLA sont incompatibles, il sera désormais possible d’envisager que le receveur (R1) bénéficie du don d’une autre personne (D2) également en situation d’incompatibilité avec son receveur (R2), ce dernier bénéficiant du don du premier donneur (D1). Ce nouveau principe est également un moyen de combler la pénurie des reins. 


image provenant du site dondorganes.fr


La décision définitive du donneur vivant est exprimée devant le président du tribunal de grande instance. Celui-ci s’assure que le consentement est libre et éclairé et que le don est conforme aux conditions définies par la  loi. Le donneur peut revenir sur sa décision à tout moment et par tout moyen.





LES TROIS GRANDS PRINCIPES DE LA LOI DE BIOÉTHIQUE

Les trois grands principes de la loi de bioéthique sont le consentement présumé, la gratuité du don et l'anonymat entre le donneur et le receveur.


Principe du consentement présumé : En France, la loi repose sur le principe de la solidarité nationale. De ce fait, elle indique que tout le monde est présumé donneur mais laisse chacun libre de s'opposer au don de ses organes et tissus.


La gratuité : Le don d'organes et de tissus est un acte de générosité et de solidarité entièrement gratuit. La loi interdit toute rémunération en contrepartie de ce don.


L'anonymat : Le nom du donneur ne peut être communiqué au receveur, et réciproquement. La famille du donneur peut cependant être informée des organes et tissus prélevés ainsi que de l'état des greffés, si elle le demande. Néanmoins, les informations divulguées doivent rester très abstraites. 



ZOOM SUR : Le consentement présumé

Si vous décédez après le 1er janvier 2017 et que vous n’avez pas émis d’opposition claire sur le don de votre vivant, vos organes pourront être prélevés afin de sauver la vie de patients inscrits sur les listes d'attente. Votre consentement au don d’organes est désormais réellement dit "présumé".

En 2016, la législation quant au don a en effet évolué. Avant de procéder au prélèvement et en l’absence d’indications du défunt (registre national du refus, témoignage écrit…), les médecins demanderont à la famille de rapporter la volonté du patient exprimée de son vivant.


Si la personne décédée ne souhaitait pas donner ses organes, alors les proches devront l’indiquer dans un témoignage écrit, daté et signé. Le choix du défunt ainsi retranscrit sera respecté par l’équipe médicale. 

L’évolution peut sembler subtile ; auparavant, le consentement n’était pas vraiment "présumé" mais les familles étaient également consultées et l’équipe médicale se fondait sur leur avis. Seulement, les professionnels de santé et les autorités sanitaires ont réalisé qu’il y avait là un paradoxe : alors que neuf français sur dix sont favorables au don d’organes, le taux de refus exprimé par les familles atteint 42 % en moyenne.

Face au drame qu'elles vivent, les familles ont ainsi tendance à exprimer un refus à la place d’un être défunt qui, de son vivant, n’y aurait peut-être pas été opposé. Le fait de rédiger un certificat témoignant du refus exprimé par la personne défunte devrait à la fois renforcer ce droit qui appartient à chacun, et limiter les refus qui n’ont pas lieu d’être, dans la mesure où la famille se substitue à la volonté du défunt.





LE CHOIX


IL FAUT FAIRE PART DE SON CHOIX A SES PROCHES

En France, il n'existe pas de registre du oui. Que vous soyez pour ou contre le don d'organes et de tissus, il est important de le dire à vos proches. C'est vers eux que l'hôpital se tournera pour s'assurer que votre décision est respectée. Si cela vous aide ou vous rassure dans vote démarche, vous pouvez aussi vous munir d'une carte de donneur. Cette carte n'est cependant pas suffisante aujourd'hui en vue des nouvelles lois mais elle est utile pour témoigner de votre volonté.




image provenant du site le-don-et-moi.e-monsite.com


ET SI JE NE VEUX PAS DONNER ?

Donner ou non ses organes est une décision personnelle. Toutes les positions doivent être respectées. Si vous êtes opposé au don de vos organes et de tissus après la mort, le principal moyen c'est de vous inscrire sur le registre national des refus géré par l'Agence de la biomédecine. Vous pouvez également exprimer votre refus, en le communiquant à vos proches. Au moment du décès, les médecins coordinateurs doivent obligatoirement, avant d'envisager un prélèvement d'organes et de tissus, vérifier si la personne décédée est inscrite ou non sur le registre national des refus.


Inscription au registre national des refus : (à télécharger)

formulaire_registre_refusvf.pdf


image provenant du site blog.surf-prevention.com



ET SI JE CHANGE D'AVIS ?

Il n'est jamais trop tard : Si vous étiez inscrit sur le registre national des refus et que vous avez finalement changé d'avis, vous disposez d’un droit d’accès et de rectification à tout moment. Pour ne plus faire partie du registre national des refus, il vous suffit d’envoyer un courrier en y joignant la copie d’une pièce d’identité officielle demandant votre radiation à l’Agence de la biomédecine. Cette démarche est totalement légale. 




Les nouvelles dispositions législatives visent à assurer le respect de la volonté de chacun sur la libre disposition de son corps et de ses organes, au-delà même du décès. Elles prévoient même une information amplifiée des Français sur le don d'organes, par le biais de campagnes de sensibilisation orchestrées par l'Agence de la biomédecine, et une facilité pour toute personne opposée au don de s’inscrire sur le registre des refus ou sur un autre support également très accessible et défini dans le prochain décret en conseil d’État. Il sera alors légitime d'affirmer que les personnes n’ayant pas effectué la démarche d’inscription au registre des refus sont de l’opinion majoritaire de la population : favorable au don. Après une discussion approfondie avec la famille du défunt, le prélèvement pourra alors être organisé.


Pourquoi ne pas prévoir également un registre des acceptations ? 

Parce que pratiquement personne ne s’y inscrit quelles qu’en soient les raisons : négligence, superstition, etc.


Que faire lorsqu’une famille manifeste une opposition résolue alors même que le défunt ne s’était inscrit sur aucun moyen d’expression du refus ? Évidemment ne pas prélever, règle qui a toujours et sera toujours appliquée dans le domaine de la transplantation. Cela représente, on le sait, 7 à 10% des cas. Jamais aucun prélèvement ne sera effectué sur un adulte sans dialogue préalable, précis, et compréhensif, avec la famille de sorte à trouver un terrain d'entente. De même, jamais aucun prélèvement ne sera effectué sur un mineur sans l’autorisation explicite de ses parents. Ni chez l’un, ni chez l’autre, le don d’organes ne sera « automatique ».



Le respect de la volonté de chacun sera ainsi à l’abri de tout contournement et de toute transgression. Cela permettra de renforcer voire même de "sacraliser" quatre variétés de droits pour l’ensemble des personnes concernées :

  1. Droit à l’information sur une question susceptible de concerner chacun d’entre nous : le don d'organes (campagne très médiatisée en 2016 de l’Agence de la biomédecine) ;
  2. Droit au respect de la volonté propre à chacun, sans possibilité laissée à l’État, aux proches ou aux médecins de contrevenir à cette volonté ;
  3. Droit à la quiétude de la famille dans les moments de deuil et de recueillement ;
  4. Droit au traitement de chaque malade en attente d’une transplantation d’intérêt vital comme l'est celle du rein 




RÉPARTITION DES ORGANES

Les greffons sont rares. Pour ces raisons, lorsqu'un organe est prélevé, il est attribué selon des règles écrites et homologuées par le ministre chargée de la Santé, Marisol Touraine, et mises en œuvre par l'Agence de la biomédecine. Selon l’arrêté en vigueur, “les règles de répartition et d’attribution de ces greffons doivent respecter les principes d’équité, d’éthique médicale et viser l’amélioration de la qualité des soins”.

Les règles d'attribution des organes permettent alors d'assurer une répartition la plus équitable possible, tout en recherchant le meilleur receveur. Ces règles appelées "score" tiennent compte des contraintes techniques liées au prélèvement, au transport des organes et au maintien de la viabilité du greffon. 

Certains patients sont prioritaires : les enfants, les receveurs dont la vie est menacée à très court terme, les receveurs pour lesquels la probabilité d’obtenir un greffon est très faible du fait de leurs caractéristiques morphologiques ou immunogénétiques particulières.

En l’absence de receveur prioritaire, l’attribution se fait par échelons géographiques successifs : local, régional, national, selon les règles spécifiques à chaque organe. On s’efforce de réduire le temps entre le prélèvement et la greffe en diminuant au maximum la distance à parcourir pour le greffon entre l'hôpital du donneur et celui du receveur; l'objectif étant de préserver sa qualité et optimiser les réussites de la greffe.

Remarque : Lorsqu’un greffon n’est adapté à aucun receveur en attente à ce moment-là en France, il est proposé à l’échelon international aux organisations européennes rattachées à l’Agence de la biomédecine.




LES VALEURS DE L'AGENCE DE LA BIOMÉDECINE

L'Agence de la biomédecine fonde sa crédibilité non seulement sur son expertise, mais aussi sur les valeurs de transparence, d'équité et d'éthique qu'elle porte. Ces valeurs sont garantes de la confiance des professionnels de santé et du grand public.


ÉTHIQUE

Créée par la loi de bioéthique, l'Agence de la biomédecine porte au cœur de ses missions les valeurs de cette loi concernant l'utilisation d'éléments du corps humain à des fins thérapeutiques. Elle tient compte des innovations scientifiques et technologiques et des interrogations de la société. Elle est particulièrement attentive au respect des principes éthiques de gratuité, de volontariat et d'anonymat du don.


TRANSPARENCE

L'Agence de la biomédecine veille à la transparence sur son propre rôle, ainsi que sur son fonctionnement et sur les règles appliquées dans ses différents champs de compétence.

Elle évalue les activités qu'elle encadre  en informant les professionnels de santé sur ses méthodes puis partage avec eux les résultats de ses évaluations.

Dans le cadre de la promotion du don du vivant, elle informe les médecins,les patients, les donneurs et leurs familles sur la démarche du don et les risques encourus.


ÉQUITÉ

L'Agence de la biomédecine a pour ambition de garantir à chaque patient  un accès aux soins dont il a besoin, dans tous ses domaines d'intervention et sur tout le territoire. 

Elle définit avec les professionnels de santé des règles de répartition des greffons aux malades en attente d'une greffe d'organe, de manière à ce qu'elles soient le plus équitable possible




VENTE D'ORGANES

La France condamne sévèrement la commercialisation d’organes en vue de greffe sur son territoire. La loi française encadre de façon très stricte l’activité de prélèvement et de greffe. L’acte illégal d'obtenir d'une personne l'un de ses organes contre un paiement, quelle qu'en soit la forme, est puni de 7 ans d'emprisonnement et de 100 000 euros d'amende.




Ainsi, les aspects éthiques constituent des critères importants à prendre en compte lors d'une greffe puisque le don est régi par des lois, des principes et des valeurs, qui ne peuvent être mises de côté, sans quoi la greffe n'est plus légale, plus respectueuse, et inconcevable. Aujourd'hui, les transplantations d'organes représentent une avancée de la science au service de l'homme. Cependant, ce progrès nous invite à une réflexion sur plusieurs questions importantes, d'ordre moral, liées au respect et à la dignité de la personne humaine. Celles-ci concernent les critères permettant de distinguer ce qui est techniquement possible de ce qui est moralement admissible. Elles comprennent alors le respect absolu de la liberté de celui qui fait le don d'organes ainsi que la manière de l'informer du processus que ce don implique, le danger de la commercialisation des organes humains, le constat de la mort, les listes d'attente et l'attribution des organes.











En savoir plus  

Sondage : Les jeunes et le don d'organes

“Enquête réalisée en ligne les 16 et 17 novembre 2016. Échantillon de 355 personnes anonymes, représentatif des étudiants du Campus Sainte-Thérèse, âgés de 13 à 18 ans.” Thèmes abordés par ce sondage : - donner et recevoir - la loi et les impacts sur les comportements - questions d’éthique

Pourquoi avoir réalisé un sondage ?

Pour avoir un relevé d’opinion vis-à-vis de la loi de bioéthique qui régit le don. De plus, nous n’avions, avant de nous lancer dans ce sujet de TPE, aucune connaissance concrète sur le don d’organes et les greffes. C’est donc aussi par curiosité que nous avons décidé d’élaborer ce sondage à destination d’autres jeunes appartenant à notre tranche d’âge pour sonder quelles étaient leurs connaissances sur le sujet. Finalement, ça s'est révélé être aussi un moyen efficace de sensibilisation et d’information puisque la plupart ne connaissait pas la loi en matière de don d'organes. Enfin, nous voulions faire connaître la loi afin d’encourager le dialogue des élèves avec leurs proches sur le don d'organes et aussi afin de promouvoir cette innovation médicale.  

                                                          



Le don d'organes : un sujet populaire


Quasiment la totalité des élèves interrogés ont au moins une petite connaissance sur le don d’organes, ce qui met en avant la popularité du sujet.




Le don pour sauver des vies


Environ 9 élèves sur 10 voient le don d’organes comme "un geste d’une extrême générosité témoignant de la solidarité entre les hommes et permettant de sauver des vies". La plupart des élèves ont alors une image positive de cette pratique . Seuls 10% d’entre eux sont soit sans avis, ou associent le don à "une pratique barbare irrespectueuse du défunt considéré comme un sac d’organes” ou encore à un acte difficile pour la famille puisque c’est comme si l’être cher mourrait une deuxième fois. Ces personnes là sont alors plutôt contre le prélèvement.




Donneurs présumés : Une loi méconnue



4 élèves sur 10 ne savaient guère qu’ils étaient des donneurs d’organes aux yeux de la loi, sauf s’ils faisaient connaître leur refus à leur famille ou bien en passant par l’inscription sur la liste national de refus. Cette donnée montre que la jeunesse n’est pas suffisamment informée par les médias, les proches ou les professeurs et ne connaît pas la loi qui régit le don et qui nous concerne tous ! Le fait d’être donneur ou pas reste un sujet délicat à aborder mais nécessaire ! Tous les citoyens français devraient  savoir que nous sommes TOUS des donneurs potentiels et qu’en France la législation est dictée au nom de la solidarité entre les Hommes, en effet il n’existe pas de “registre du oui”.




Psychologie : recevoir un autre en soi



Un peu plus de ⅗ des élèves interrogés seraient prêts à accepter, d’un point de vue moral, l’idée de vivre avec l’organe d’un inconnu, dans l’hypothèse où ils auraient besoin d’une greffe à tout prix. La plupart se positionne alors en faveur du don et de la greffe car l’aspect psychologique que cette pratique peut engendrer chez certaines personnes est moindre et ne semble pas constituer d’obstacles au prélèvement, pour cette partie de la population. 

Cependant, une part significative ( environ ⅓) de la population interrogée reste indécise, cela peut s’expliquer par le jeune âge des élèves qui n’ont pas encore acquis la maturité suffisante pour se projeter dans une telle situation. 

Enfin, bien que minime ( de l’ordre de 4,5 %), l’opposition à la greffe d’un corps étranger dans un organisme receveur est belle et bien réelle. 

Les avis sont alors très contrastés, ce qui montre que l’idée de recevoir un greffon n’est pas une chose si évidente à accepter et que cela demande une réflexion : “Est-ce que je me sens capable, d’un point de vue émotionnel, de vivre avec une partie du corps d’une personne inconnue ?”



Favorable au don pour soi-même ?


On constate que les statistiques sont quasi-identiques au diagramme précédent : les personnes qui seraient prêtes à accepter un organe (en dernier recours), seraient aussi prêtes à faire don des leurs, tandis que les personnes, plus réticentes à la greffe, qui ne se sentent pas capable d’accepter un greffon, s’opposent aussi en retour à donner leurs organes à un tiers. Cependant, parmi les élèves interrogés, on trouve plus de donneurs que d’opposants  au prélèvement. Ces individus là ont alors conscience de l’enjeu du don : sauver des vies. 

Néanmoins puisqu’il s’agit d’adolescents, il est normal de trouver un taux assez important( environ 30 %)  en ce qui concerne l’incertitude dans le fait de vouloir donner ou pas ses organes; d’autant plus que comme nous montrent les statistiques du troisième diagramme, les élèves ne sont pas assez sensibilisés sur le sujet puisque presque la majorité ne connaît que de façon superficielle les principaux piliers de cette pratique, ce qui pourrait expliquer pourquoi ils ne savent pas s’ils veulent être donneur ou pas.


Voici l'avis de quelques personnes du Campus sur le sujet :

-"Si, lorsqu'on meurt, on a l'occasion de sauver des vies à côté, pourquoi pas ? Au moins, notre mort ne fera pas que du mal autour d'elle."
-"Le don, cela devrait être normal ! "
-"Je pense que cet acte nécessite un certain courage, autant chez le donneur que chez le receveur, cependant je suis assez dérangé lorsqu'il s'agit du don du cœur."

-"C'est un acte qui se doit d’être banal à la société. Sauver des vies est dans la nature de tout Homme."
-"Je pense qu'il vaut mieux sauver une vie plutôt que d’en perdre deux."
-"C'est un très beau geste qui montre la solidarité entre les Hommes. Beaucoup de personnes peuvent ainsi être sauvées,  ce qui permet de ne pas détruire plus de vies encore."

-"Je ne suis pas contre le don d'organes, mais je ne m'impliquerai pas personnellement dedans."



                                                             

Favorable au don pour un proche ?



On constate que, lorsqu'il s’agit du prélèvement des organes d’un proche décédé, la décision devient tout de suite laborieuse; d’autant plus si ce défunt n’avait jamais fait part de sa décision à ses proches. On remarque en effet que les opinions des élèves s'avèrent très dispersées. Les étudiants qui s’opposent (25,9 %) au don des organes d’un de leur proche sont environ 3 fois plus nombreux que ceux qui s’opposent au don d’organes pour eux-mêmes, 7,6 % (cf cinquième diagramme). En effet, c’est difficile de prendre cette décision pour une autre personne dans un moment de deuil : on parle tout de même de donner une partie d’un individu qui ne nous appartient pas, ce n’est pas rien ! 

Par ailleurs, on constate qu’il y a aussi moins de “oui” que pour le cinquième diagramme, cependant il y a plus d’élèves qui y sont favorables que d’élèves contre ou sans avis. Environ 2 élèves sur 5 seraient favorables au don des organes de leur proche décédé après sa mort même sans savoir sa volonté. Ce geste est justifiable quand on pense à sa finalité qui est de sauver des vies.  

Enfin, environ 3 élèves sur 10 ne savent pas à l’heure actuelle ce qu’ils feraient si dans le futur, une situation comme celle-ci devait malheureusement se présenter à eux. Ne pas savoir n’est pas une fatalité : nous sommes encore jeunes et nous ne pensons pas à la mort. Mais c’est, assurément, parce que la société française, et  l'Homme en général, ne se projette pas dans l'idée de la mort, que les familles sont parfois poussées à refuser le don.



Une communication encore limitée entre proches



La question qui se pose autour de la position de  donneur ou pas est une réalité. Ce diagramme vient en effet confirmer un manque de discussion au sein du noyau familial ou amical autour du don et de ses problématiques. Ainsi, un peu plus de la moitié des élèves (54,1%) n’ont pas fait part de leur position à leurs proches, et 1 élève sur 4  a déjà exprimé à sa famille ou ses amies son avis sur le prélèvement de ses organes, ce qui est relativement peu.

Donneur ou pas, la première chose à faire est de le dire et même si l’on se dit encore trop jeune pour penser à ça, il faut savoir que la mort nous tombe dessus sans prévenir.  Le plus tôt sera donc le mieux. C’est une question de loi mais aussi de psychologie. Dire sa position, et demander aussi d’ailleurs l'avis de ceux qui vous entourent par la même occasion, c’est s’assurer que la volonté de chacun sera connue, comprise et respectée des autres. 



La gratuité du don : un principe approuvé



Plus de 9 élèves sur 10 sont en accord avec l’un des principes fondamentaux de la loi de bioéthique, à savoir la gratuité de celui-ci. Ces données font écho au deuxième diagramme car pratiquement aussi 9 élèves sur 10 percevaient le don comme un acte généreux et solidaire : il est donc normal que celui-ci soit gratuit. 



Cette règle éthique est majoritairement approuvée car elle permet de garantir une certaine confiance dans le dispositif, afin d’éviter tout trafic. Ce principe est sans aucun doute le maillon fort de cette chaîne de solidarité, aucun passe-droit ni autre priorité pour l’accès à la greffe ne sont envisageables. C'est une question d'équité, valeur indispensable dans le domaine des greffes et de la santé en général. 




Anonymat donneur/receveur : un avis très partagé auprès des jeunes, une loi qui soulève des débats



Nous pouvons relever un contraste d'avis incontestable : il y a autant de personnes contre que pour l'anonymat donneur/receveur. Ce principe est alors encore source de débats, et soulève de nombreux avis divergents derrière lesquels se cachent nombre de raisons. Cette discordance peut s'expliquer par un sentiment de curiosité à satisfaire ou voire même le besoin pour le receveur de reconnaissance envers le donneur et sa famille. Au contraire pour ceux qui sont plutôt en faveur de l'anonymat, cela s'explique par l'envie d'avancer sans avoir l'impression de devoir une dette, l'envie d'oublier cette épreuve et de revivre avec ce nouvel organe. Les avis restent donc très partagés.



Religions et cultures : pas une limite à la greffe


1 élève sur 2 ne se voit pas contraint de refuser de recevoir ou de donner des organes à un tiers en raison de ses coutumes religieuses ou culturelles. 

On remarque que la religion n'apparaît clairement presque pas comme un obstacle à la transplantation puisque que seul 1,7 % des élèves interrogés ont une religion qui ne les autorise pas à souscrire à cette pratique. 

Un peu plus de 15% ne savent pas ce que dit leur religion (ou autres pratiques culturelles), ce qui prouve encore que la jeunesse n’est pas assez sollicitée par ce sujet.



Objectif rempli !


Avec environ 3 élèves sur 5 (61,7%) soit plus de la moitié qui trouvent que ce sondage les a aidés, nous pouvons dire que nous avons atteint notre objectif qui était de sensibiliser les jeunes de notre établissement sur les lois en matière de transplantation et sur l’importance de réfléchir à sa position, peu importe le choix final. Pour la plupart, ce sondage semble alors les avoir fait réfléchir et les a aidé à voir plus clair dans leur position.




En conclusion, ce sondage nous a permis de constater qu'il existait de nombreux problèmes éthiques. Par ailleurs, nous avons décidé de centrer ce sondage sur les jeunes car ce sont eux les moins bien informés. Or, en matière de don d'organes, il ne faut négliger aucune sphère de la société car comme stipule le slogan de la campagne de sensibilisation de l’Agence de la biomédecine sortie en juin 2016 : “ nous sommes tous concernés.”



 Image de la campagne de sensibilisation provenant de agence-biomedecine.fr

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